DE L'AIR FRAIS, UN VIEUX CAUCHEMAR
ET QUE FAIRE D'UN CADAVRE JUIF
Ils étaient au bord de l'Amper et Liesel venait de dire à Rudy qu'elle envisageait d'aller subtiliser un autre livre chez le maire. Après Le Siffleur, elle avait lu à plusieurs reprises L'Homme qui se penchait, quelques minutes à chaque fois au chevet de Max. Elle avait aussi essayé Le Haussement d'épaules et même Le Manuel du fossoyeur, mais rien n'y faisait. J'ai besoin de quelque chose de nouveau, se dit-elle.
«Tu as même lu le dernier?
— Évidemment. »
Rudy lança une pierre dans l'eau. « C'était bien?
— Evidemment.
— Évidemment, évidemment.» Il tenta d'extraire une autre pierre du sol, mais s'écorcha le doigt. « Ça t'apprendra.
- Saumensch. »
Quand votre interlocuteur répondait par Saumensch, ou Saukerl, ou Arschloch, c'était signe que vous lui aviez cloué le bec.
* * *
Toutes les conditions étaient réunies pour commettre un vol. C'était une après-midi maussade de début mars' et il faisait à peine quelques degrés au-dessus de zéro, ce qui est toujours plus pénible qu'un bon – 10°C. De rares passants. Une pluie semblable aux copeaux gris sortant d'un taille-crayon.
« On y va ?
— Prenons un vélo, dit Rudy, je peux te passer l'un des nôtres. »
Cette fois, Rudy tenait à entrer lui-même dans la maison. «Aujourd'hui, c'est mon tour», dit-il tandis qu'ils se gelaient les doigts sur le guidon.
Liesel réfléchit à toute vitesse. « Il vaut mieux pas, Rudy. C'est très encombré, là-dedans. En plus, il fait sombre. Bête comme tu es, tu vas tout de suite buter sur quelque chose ou te cogner.
— Merci !» Quand il était dans cet état d'esprit, Rudy ne se laissait pas facilement manipuler.
«Et puis il faut sauter. C'est plus haut que tu ne le crois.
— Est-ce que par hasard tu sous-entendrais que j'en suis incapable ?»
Liesel se mit debout sur les pédales. «Pas du tout. » Ils passèrent le pont et montèrent la colline jusqu'à Grande Strasse. La fenêtre était ouverte.
Comme la fois précédente, ils examinèrent la maison. Ils apercevaient vaguement l'intérieur. Une lumière était allumée au rez-de-chaussée, à l'emplacement de ce qui devait être la cuisine. Une ombre allait et venait.
«On va faire quelques tours du pâté de maisons, dit Rudy. Une chance qu'on ait pris les vélos, hein ?
— N'oublie pas de rapporter le tien chez toi.
— Très drôle, Saumensch. Pas de risque. Il est un peu plus volumineux que tes chaussures crasseuses. »
Ils tournèrent pendant un quart d'heure, mais la femme du maire était visiblement toujours au rez-de-chaussée, ce qui rendait l'opération périlleuse. Comment osait-elle rester scotchée à sa cuisine ? Pour Rudy, la cuisine était à l'évidence le but visé. Il s'agissait d'entrer, de rafler toute la nourriture qu'il pourrait transporter, et alors seulement, s'il avait le temps, il glisserait un livre dans son pantalon en sortant. N'importe quel livre.
Le point faible de Rudy, néanmoins, c'était l'impatience. «Il se fait tard, dit-il en commençant à s'éloigner de la maison. Tu viens ?»
Pas question.
Liesel ne s'était pas traînée jusque-là sur un vélo rouillé pour repartir sans un livre. Elle cala l'engin dans le caniveau, vérifia qu'il n'y avait personne aux alentours, et se dirigea vers la fenêtre d'une allure décidée, mais sans hâte. Puis elle ôta ses chaussures et se hissa pieds nus sur le rebord.
Elle referma ses doigts sur le bois et s'introduisit à l'intérieur.
Cette fois, elle se sentit un peu plus à l'aise. Pendant quelques précieux instants, elle fit le tour de la pièce, à la recherche d'un titre attirant. À deux ou trois reprises, elle faillit tendre la main vers un volume. Elle envisagea même d'en prendre plus d'un, mais elle ne voulait pas abuser de ce qui était une sorte de système. Pour le moment, elle n'avait besoin que d'un livre. Elle poursuivit son examen des étagères.
Derrière elle, un surcroît d'obscurité entrait par la fenêtre. Une odeur de poussière et de larcin s'attardait dans le décor. C'est alors qu'elle l'aperçut.
Le livre était rouge, avec le titre écrit en noir sur le dos. Der Traumtrilger. Le Porteur de rêves. Elle pensa à Max Vandenburg et à ses rêves. À la culpabilité. À la survie. Au fait de quitter sa famille. De combattre le Führer. Elle pensa aussi à son propre rêve — son frère, mort dans le train, et son apparition sur les marches, à deux pas de cette pièce où elle se trouvait maintenant. La voleuse de livres avait vu son genou ensanglanté après l'avoir poussé.
Elle prit le livre sur l'étagère, le glissa sous son bras, et, dans un mouvement fluide, enjamba le rebord de la fenêtre et sauta au-dehors.
Rudy tenait son vélo prêt. Et il avait ses chaussures. Dès qu'elle les eut enfilées, ils se sauvèrent.
«Jésus, Marie, Joseph, Meminger » C'était la première fois qu'il l'appelait Meminger. «Tu es vraiment cinglée, tu sais!»
Tout en appuyant à fond sur les pédales, Liesel approuva. «Je sais. »
Au niveau du pont, Rudy dressa le bilan de l'après-midi. « Ou bien ces gens sont complètement givrés, conclut-il, ou bien ils aiment avoir de l'air frais chez eux. »
UNE PETITE
SUGGESTION
Ou alors, il y avait dans Grande Strasse une femme
qui laissait maintenant
ouverte la fenêtre
de sa bibliothèque pour une autre raison — mais là,
je fais preuve de cynisme, ou d'espoir. Ou des deux.
Liesel cacha Le Porteur de rêves sous sa veste et se plongea dans sa lecture dès qu'elle fut rentrée chez elle. Assise sur la chaise près de son lit, elle murmura : «C'est un nouveau, Max, juste pour vous. » Elle commença à lire. « Chapitre un : Comme il se doit, toute la ville était plongée dans le sommeil au moment où le porteur de rêves vint au monde... »
Chaque jour, Liesel lisait deux chapitres, un le matin avant d'aller à l'école et un autre dès son retour. Parfois, le soir, lorsqu'elle ne trouvait pas le sommeil, elle lisait aussi la moitié d'un troisième, et il lui arrivait de s'endormir, le nez sur son livre.
Elle fit de cette lecture une mission.
Elle offrait Le Porteur de rêves à Max, comme si les mots seuls pouvaient le nourrir. Un mardi, elle eut conscience d'un mouvement. Elle aurait juré qu'il avait ouvert les yeux. Dans ce cas, cela aurait été très fugitif. À vrai dire, c'était plutôt le fruit de son imagination et de son désir de le voir s'éveiller.
Vers la mi-mars, les premières failles apparurent.
Rosa Hubermann faillit craquer une après-midi dans la cuisine. Elle éleva la voix, puis baissa aussitôt le ton. Liesel abandonna sa lecture et se dirigea tranquillement vers le couloir. Bien qu'elle fût tout près de Maman, elle avait du mal à distinguer ses paroles. Lorsqu'elle les comprit, elle le regretta, car ce qu'elle entendait était terrible. C'était la réalité.
CE QUE DISAIT LA
VOIX DE MAMAN
« Qu'est-ce qui va se passer s'il ne se réveille pas?
Qu'est-ce qui va se passer s'il meurt ici, dis-moi, Hansi?
Qu'allons-nous faire du cadavre, au nom du ciel?
On ne pourra pas le laisser là, l'odeur sera
insupportable... Et on ne
pourra pas non plus
le transporter jusqu'à la porte et le traîner dans la
rue.
Impossible de dire:
«Vous ne devinerez jamais ce que nous avons trouvé
ce matin dans notre sous-sol... Ils nous le feront payer
cher.»
Elle avait parfaitement raison.
Un cadavre juif posait un énorme problème. Les Hubermann avaient besoin de remettre Max Vandenburg sur pied, non seulement pour son bien, mais pour le leur. Même Papa, qui apportait toujours une note apaisante, sentait maintenant la pression.
«Écoute. » Il parlait d'une voix calme, mais rauque. «Si ça arrive, s'il meurt, il faudra trouver une solution.» Liesel aurait juré qu'elle l'avait entendu déglutir. Comme s'il avait reçu un coup sur la trachée-artère. «On prendra ma charrette, quelques bâches et... »
Liesel entra dans la cuisine.
« Pas maintenant, Liesel. » C'était Hans qui s'adressait à elle, mais sans la regarder. Il contemplait le reflet déformé de son visage dans une cuillère retournée, les coudes posés sur la table.
La voleuse de livres ne battit pas en retraite. Elle fit quelques pas et s'assit. Ses mains froides cherchèrent à se réfugier dans ses manches et une phrase sortit de sa bouche. « Il n'est pas encore mort. » Les mots atterrirent sur la table et s'installèrent au beau milieu. Tous trois les contemplèrent. Ils ne pouvaient aller au-delà dans l'espoir. Il n'est pas encore mort. Il n'est pas encore mort. C'est Rosa qui rompit le silence.
« Quelqu'un a faim?»
Peut-être le dîner était-il le seul moment de répit par rapport à la maladie de Max. Nul ne le niait tandis qu'ils étaient tous trois installés devant leurs tranches de pain et leurs assiettes de soupe ou de pommes de terre. Tous le pensaient, mais personne ne parlait.
Quelques heures plus tard, dans la nuit, Liesel se réveilla et s'émerveilla de la force d'âme de Rosa (elle avait appris l'expression dans Le Porteur de rêves, qui était l'exacte antithèse du Siffleur: un livre sur un enfant abandonné qui voulait devenir prêtre). Elle s'assit sur son matelas et inspira profondément.
«Liesel ?» Papa se tourna sur le côté. «Que se passe-t-il ?
— Rien, Papa, tout va bien. » Mais à peine avait-elle terminé sa phrase qu'elle se souvint précisément de son rêve.
UNE PETITE
IMAGE
Dans l'ensemble, le rêve est identique.
Le train avance à la même vitesse.
Son frère tousse beaucoup.
Seulement, cette fois, Liesel
ne peut voir son visage qui contemple le sol. Lentement,
elle se penche et le prend par le menton. C'est alors
qu'elle se trouve face au visage de Max Vandenburg,
dont les yeux grands ouverts la fixent. Une plume tombe
au sol. Le corps est maintenant plus grand,
proportionnel au visage. Le train hurle.
«Liesel ?
— Tout va bien, ne t'inquiète pas. »
Frissonnante, elle quitta le matelas et, tétanisée par la peur, elle emprunta le couloir et se rendit au chevet de Max. Au bout de quelques minutes, quand elle retrouva un peu de calme, elle essaya d'interpréter son rêve. Était-ce la prémonition de la mort de Max ? Une simple réaction à la conversation dans la cuisine ? Max avait-il maintenant remplacé son frère pour elle ?
Et si tel était le cas, comment pouvait-elle se débarrasser de cette manière de quelqu'un avec qui elle était unie par les liens du sang? Peut-être même était-ce l'expression d'un désir profondément enfoui de voir mourir Max. Après tout, si c'était valable pour son frère, ce pouvait l'être aussi pour ce Juif.
«C'est ce que tu penses ?» murmura-t-elle, debout à côté du lit. « Non. » Elle ne le croyait pas. Elle maintint sa réponse tandis qu'elle s’habituait à l'obscurité et distinguait les formes diverses posées sur la table de nuit. Les cadeaux.
«Réveillez-vous, Max », dit-elle.
Il resta inconscient.
Pendant huit jours encore.
À l'école, on entendit frapper à la porte.
«Entrez ! » dit Frau Olendrich.
La porte s'ouvrit et toute la classe se retourna. Rosa Hubermann se tenait sur le seuil. Un ou deux élèves eurent un hoquet en la voyant – une petite armoire avec un ricanement peint au rouge à lèvres et des yeux comme du chlore. Une légende. Elle avait mis ses plus beaux habits, mais ses cheveux étaient dans un état épouvantable. Les mèches élastiques ressemblaient vraiment à une serviette grise.
L'enseignante eut l'air affolé. «Frau Hubermann... » Ses gestes étaient maladroits. Elle fouilla la salle de classe du regard. «Liesel ?»
Liesel jeta un coup d'oeil à Rudy, puis elle se leva et se dirigea rapidement vers la porte afin de mettre le plus tôt possible un terme à la gêne. Elle la referma sur elle et se retrouva seule dans le couloir avec Rosa.
Qui regardait de l'autre côté.
« Que se passe-t-il, Maman ? »
Rosa se retourna. « Ne me fais pas le coup des « Que se passe-t-il, Maman», espèce de petite Saumensch ! » Elle crachait les mots comme une mitraillette. «Ma brosse à Cheveux ! » Des rires filtrèrent par-dessous la porte de la salle de classe, mais furent rapidement étouffés.
«Maman ? »
Le visage de Rosa avait une expression sévère, et pourtant ses yeux souriaient. «Bon sang, qu'as-tu fait de ma brosse à cheveux, petite voleuse? Stupide Saumensch, je t'ai dit cent fois de ne pas y toucher, mais tu ne m'écoutes pas, bien sûr !»
La tirade se poursuivit pendant une minute encore. Liesel tenta désespérément de suggérer un ou deux endroits où pouvait se trouver la fameuse brosse. Soudain, Rosa attira Liesel à elle durant quelques secondes et chuchota quelques mots, si bas que Liesel eut du mal à les comprendre. «Tu m'as dit de venir te crier dessus. Que tout le monde le croirait. »
Elle jeta des regards autour d'elle. «Il s'est réveillé, Liesel, il s'est réveillé. » Elle sortit de sa poche le soldat de plomb tout éraflé. «Il a dit de te donner ça. C'était son préféré. » Elle le tendit à Liesel en souriant, mais, avant que la fillette ait pu répondre, elle reprit son discours courroucé. «Alors, réponds ! As-tu une idée de l'endroit où tu as pu la laisser ? »
Il est vivant, pensait Liesel. «... Non, Maman, je suis désolée, je ne...
— Je me demande bien à quoi tu sers, dans ce cas. » Rosa la lâcha, lui fit un petit signe de tête et s'éloigna. Pendant un moment, Liesel resta immobile. Le couloir était immense. Elle examina le soldat dans sa paume. Son instinct lui disait de se précipiter à la maison, mais le bon sens le lui interdisait. Elle rangea le soldat abîmé dans sa poche et regagna la salle de classe.
Tout le monde attendait.
«Vieille bique ! » dit-elle entre ses dents.
Les autres élèves rirent de nouveau. Pas Frau Olendrich.
«Qu'est-ce que j'ai entendu ? »
Liesel flottait sur un petit nuage. Elle se sentait indestructible. «J'ai dit "Vieille bique" », répondit-elle, hilare, et elle reçut sur-le-champ la main du professeur sur la figure.
«Ne parle pas comme ça de ta mère », lança Frau Olendrich. Mais cela ne fit guère d'effet à Liesel, qui essaya simplement de réprimer son sourire. Après tout, elle pouvait bien recevoir une Watschen, elle aussi. «Maintenant, retourne à ta place.
– Bien, Frau Olendrich. »
Près d'elle, Rudy osa prendre la parole.
«Jésus, Marie, Joseph, chuchota-t-il. Tu as les cinq doigts de sa main imprimés sur la figure !
– Ça va », dit Liesel. Max était vivant.
Lorsqu'elle rentra chez elle, cette après-midi-là, Max était assis sur le lit, le ballon crevé sur les genoux. Sa barbe le démangeait et ses yeux larmoyants luttaient pour rester ouverts. Un bol à soupe vide était posé près des cadeaux.
Ils ne se dirent pas bonjour.
Ce fut plus abrupt.
La porte s'ouvrit en grinçant, Liesel entra et se tint devant lui. « Est-ce que Maman vous a forcé à avaler ça?» demanda-t-elle.
Il fit « oui » de la tête. Satisfait et épuisé. « Mais c'était très bon.
Vraiment? La soupe de Maman ? »
La bouche de Max s'étira. Ce n'était pas vraiment un sourire. «Merci pour les cadeaux, dit-il, merci pour le nuage. Pour celui-ci, ton papa m'a expliqué. »
Au bout d'une heure, Liesel décida de lui parler franchement. «On se demandait ce qu'on ferait si vous mouriez, Max. On... »
Il comprit tout de suite. «Tu veux dire, comment vous débarrasser de moi ?
Je suis désolée.
Tu n'as pas à l'être. » Il n'était pas offensé. «Vous aviez raison. » Il jouait doucement avec le ballon. «Vous aviez raison d'y penser. Dans votre situation, un Juif mort est aussi dangereux qu'un Juif vivant, si ce n'est plus.
J’ai fait un rêve, aussi. » Elle entreprit de le décrire én détail, le soldat de plomb à la main. Elle allait s'excuser de nouveau lorsque Max intervint.
« Liesel. » Il plongea son regard dans le sien. «Ne me fais jamais d'excuses. C'est moi qui t'en dois. » Il se tourna vers les objets qu'elle lui avait apportés. «Regarde tous ces cadeaux. » Il prit le bouton et le garda dans sa main. «Et Rosa m'a dit que tu étais venue me faire la lecture deux fois par jour, quelquefois trois. » Il contemplait maintenant les rideaux comme s'il pouvait voir à travers. Il se redressa un peu et se tut, le temps de quelques phrases muettes. Puis un frémissement gagna son visage. « Liesel ?» Max se déplaça légèrement vers la droite. «J'ai peur de me rendormir, lui confia-t-il.
Dans ce cas, je vais vous lire quelque chose, dit
Liesel d'un ton décidé. Et si vous vous rendormez, je vous gifle. Je ferme le livre et je vous secoue comme un prunier jusqu'à ce que vous vous réveilliez. »
L'après-midi et une grande partie de la soirée, Liesel fit la lecture à Max Vandenburg qui, assis dans le lit, s'imprégnait des mots. Un peu après vingt-deux heures, lorsque Liesel leva les yeux du Porteur de rêves, elle s'aperçut qu'il s'était endormi. Inquiète, elle lui donna un petit coup sec avec le volume. Il s'éveilla.
Il se rendormit encore trois fois. Par deux fois, elle le réveilla.
Les quatre jours suivants, il s'éveilla chaque matin dans le lit de Liesel. Ensuite, il retourna dormir près du feu, puis, vers la mi-avril, au sous-sol. Il allait beaucoup, mieux, sa barbe avait disparu et il commençait à se remplumer.
Dans le monde intérieur de Liesel, ce fut un moment de grand soulagement. Au-dehors, les choses commençaient à se gâter. Fin mars, la ville de Lübeck fut bombardée. Ce serait ensuite le tour de Cologne, puis d'autres villes allemandes, dont Munich.
Oui, j’avais le patron sur le dos.
«Il faut que ce soit fait, il faut que ce soit fait. »
Les bombes arrivaient — et moi aussi.